Gérer la critique

Ça ne vous est jamais arrivé de vous sentir au plus bas après avoir lu une critique sur un de vos écrits ? Un chapitre posté sur une plateforme. Une nouvelle pour un concours. Une poésie devant votre professeur de français. Les mots sont durs, vous vous sentez mal, attaqué. Vous en voulez à cet autre et vous vous en voulez à vous-même de ne pas lui avoir plu. Et si on reculait d’un pas pour mieux observer ce qu’il se passe vraiment ?

Bonne écoute !

PS : Retrouve la retranscription de l’épisode sous le lecteur.

La critique, une relation de longue date

Le début de mon écriture

Quand j’ai débuté l’écriture à dix ans, ma première volonté a été de faire lire mes histoires autour de moi. Malgré mon jeune âge, j’ai rapidement compris que mes parents n’allaient pas être totalement objectifs sur ce coup-là. Donc, je me suis tournée vers Internet. À l’époque, nous étions en 2011, Wattpad existait déjà, mais je ne connaissais pas la plateforme. Non, c’était plutôt la mode du skyblog autour de moi. 

Me voilà donc à créer un blog, puis deux, puis trois, en fonction de mes histoires et de mes envies. Je saurais incapable de vous dire combien de blog j’ai pu créer en huit ans d’utilisation de la plateforme, mais c’est un nombre assez conséquent. Très vite, je me rends compte que personne ne s’intéresse à mes histoires de fantasy. Notamment, si vous avez vu ma vidéo sur mes hontes d’auteur, celle où une jeune fille qui sort de chez le dentiste se fait poursuivre par un dragon. Je suis donc jeune, avide de lecteurs et délaissées un peu par ceux-là. 

Et là, je comprends que pour être lue, il va falloir que j’écrive de la fanfiction.

La fanfiction ou l'art d'apprendre à écrire sans risque

Je me lance donc dans un blog qui est toujours présent aujourd’hui sur Skyrock et est à ce jour le plus abouti de tout ce que j’ai pu créer sur la plateforme. Me voilà à écrire des fanfictions sur Naruto. Parce que j’ai toujours aimé les anime et que l’univers, je l’aimais bien. Pauvre manga. J’en ai un peu fait ce que je voulais : j’ai choisi un personnage des plus secondaires, l’ai sorti de son univers pour l’amener dans le nôtre et ai commencé à créer des couples improbables.

Cependant, je venais d’avoir douze ans et mes premiers lecteurs arrivaient enfin. C’était la plupart du temps des personnes de mon âge, qui écrivaient les mêmes choses et avaient autant besoin de trouver des lecteurs et des fanfictions pour passer le temps. 

Et à côté des commentaires rapides qui me demandaient la suite, il y avait ceux qui m’empêchaient de dormir. Ceux qui disaient que mes histoires étaient clichées etsans intérêt, que mes personnages n’étaient pas bons, que je faisais trop d’erreurs dans mes temps verbaux, que j’avais des fautes partout, que mes rythmes étaient à retravailler, que ma mise en forme n’allait pas du tout, que mes descriptions étaient inexistantes, que mes dialogues n’avaient aucun sens et que mes répétitions à outrance faisaient mal aux yeux.

Mes premières réactions face aux critiques

Vous savez, je me souviens parfaitement de la jeune adolescente que j’étais, qui supprimait ses commentaires ou se contentait de les ignorer, vexée. Je me sentais mal, parce que je ne comprenais pas leur remarque. À l’époque, les chaînes YouTube sur l’écriture n’existaient pas. Pas plus que les comptes Instagram sur le sujet. Il n’y avait que moi, mon blog et les commentaires qui faisaient mal. Comment savoir s’ils disaient la vérité ? Peut-être n’étais-je pas faite pour écrire ? Et si j’étais simplement nulle et que l’on ne pouvait rien y changer ? 

Ces questions me tracassaient et mon incapacité à terminer un roman ou une fanfiction n’arrangeait rien. Je ne savais pas pourquoi j’échouais à chaque fois et je me demandais de plus en plus si ma passion n’était pas qu’un doux rêve que je faisais.

Mieux comprendre la critique

Grâce à la lecture

En fait, deux choses m’ont permis de comprendre et d’accepter les critiques. La première, ça été la lecture. Au fur et à mesure que je lisais, je me suis rendue compte de ce qui marchait, ce qui ne pouvait pas se faire et quelles étaient les règles que tout le monde semblait respecter sans m’avoir informée au préalable. Le pire, c’était que mes observations correspondaient aux critiques que je recevais.

Alors, je continuais d’effacer les histoires sur mon blog et de recommencer en essayant d’appliquer les conseils qu’on me donnait. C’était difficile et je n’arrivais toujours pas à dépasser le chapitre cinq. Je me décourageai.

Les concours de nouvelles

C’est là qu’est intervenue la deuxième chose. Un jour, en me baladant sur d’autres blogs, je suis tombée sur un concours de nouvelle et j’ai souhaité y participer. J’ai écrit mon texte en moins de deux heures et l’ai postée, toute fière. Et en lisant celles des autres, je me suis prise une claque. Cela n’avait rien à voir.

Certes j’étais peut-être l’une des plus jeunes du concours, certes j’avais eu moins de temps pour écrire ma nouvelle car j’étais arrivée en retard, mais la différence de niveau m’a ébahie. Je me suis donc mise à lire des nouvelles, encore et encore, et à lire les critiques qu’elles recevaient. Le fait qu’elles ne me soient pas adressées directement m’a permis de mieux les comprendre, de mieux les absorber aussi.

Accepter la critique en s'exposant régulièrement

Deuxième tentative de concours de nouvelles

Quand, quelques mois plus tard, je suis tombée sur un autre concours de nouvelle, j’ai choisi de participer également. C’était la deuxième de mon existence et quand je la lis aujourd’hui, j’ai beaucoup de tendresse pour elle. J’ai passé des nuits blanches à l’écrire, à la peaufiner, à tenter de corriger mes fautes, à essayer d’écrire une fin tragique. Je l’ai lu des centaines de fois avant de la poster pour vérifier mes dialogues, mes descriptions, mes répétitions.

Clairement, elle est loin d’être parfaite et je m’en rends compte aujourd’hui. Mais l’écart entre cette nouvelle et mes écrits de l’époque est saisissant. Pourtant, la seule chose que j’ai fait, ça a été simplement d’essayer de mettre en place tous les conseils que j’avais pu entendre, même ceux qui m’avait fait le plus mal et le plus douter de moi-même.

Cette nouvelle a terminé troisième du concours. Les organisateurs et les lecteurs m’ont félicitée pour ma plume, pour les émotions que je leur avais fait ressentir. C’était le plus beau cadeau que je pouvais recevoir.

Les concours de nouvelles pour accepter la critique

Au fur et à mesure des concours auxquels je participais, je continuai d’être sur le podium et les critiques se faisaient de plus en plus précises. À chaque fois qu’elles étaient négatives, je ne pouvais m’empêcher d’être déçue. Alors, je les laissai de côté quelques jours et je revenais les lire avec l’esprit plus apaisé. Ils se trouvent que 90% du temps, elles étaient fondées. Et les 10% restant, elles étaient plus personnelles, mais n’en étaient pas moins intéressantes. 

Bien évidemment, je vous parle des critiques constructives et pas simplement d’une opinion nette et tranchée sur le texte sans explication. Un « j’ai adoré » comme un « j’ai détesté » tout seul n’apporte rien à l’auteur, si ce n’est un peu de joie ou un peu de tristesse. Alors qu’un commentaire, qu’il soit positif, négatif ou même nuancé, mais avec des explications sur ce qui marche et ce qui ne marche pas, c’est juste un véritable cadeau pour celui qui souhaite progresser.

Que faire alors de la critique ?

Comprendre que la critique n'est pas là pour nous blesser

Que dire alors sur la critique ? Je dirais que la critique est toujours un coup que l’on reçoit en pleine figure la première fois que l’on la lit. On se sent visé, nous, notre style d’écriture, nos personnages chéris, notre histoire que l’on a rêvé des nuits entières. On a l’impression que c’est une part de nous-même qui se prend une claque. Et pourtant, une critique bienveillante ne vise pas l’auteur, mais simplement l’œuvre elle-même et pas dans le but de la descendre, mais plutôt de lui montrer le chemin pour gravir une marche supplémentaire. Oui, ça fait mal. Oui, c’est difficile de retravailler ses automatismes, mais c’est souvent nécessaire. 

C’est d’ailleurs pour cela que la majorité des écrivains ont des bêta-lecteur, des lecteurs tests et ça peu importe leur niveau ou le nombre de livres écrits. On écrit d’abord pour soi-même, mais en ayant toujours en tête que l’on va être lu et donc que l’on va recevoir une critique. Selon moi, l’écriture est fondamentalement un art personnel, mais il n’est pas égoïste, bien au contraire. 

Sachez une chose importante : c’est toujours l’auteur, le maître de son histoire et quoi qu’il arrive, c’est lui tient les rênes. Il peut donc choisir de garder quelque chose même si ses lecteurs tests ne sont pas d’accord avec lui. Cependant, si plusieurs personnes vous pointent du doigt la même chose, c’est qu’il y a peut-être un vrai problème.

La critique nous fait progresser

Si j’étais restée dans l’optique que les critiques négatives étaient là seulement pour me faire du mal, mon écriture serait bien différente aujourd’hui. Peut-être aurais-je fini par progresser en autodidacte, mais cela m’aurait certainement pris plus de temps. De plus, aujourd’hui, je me sens redevable envers toutes ses personnes qui ont été honnête avec moi et m’ont montrée comment m’améliorer. Ma manière de les remercier est assez indirecte, je le conçois, mais le fait d’avoir créé avec Justine Savy l’Atelier des nouvelles, d’organiser des concours de nouvelles et de donner mon avis le plus objectifs sur chaque texte qui nous est rendu est ma contribution.

Certains m’ont d’ailleurs déjà demandé comment dire à un auteur que son texte ne va pas. Eh bien, déjà, il ne faut pas prétendre que son texte est bon pour lui faire plaisir, cela ne lui rendrait pas service. Simplement, au moment d’écrire les aspects négatifs, soyez le plus bienveillant possible. En fait, soyez plus doux que vous ne l’êtes avec vous-même, mais pas moins honnête.

Se confronter à la critique

Si vous êtes un jeune auteur qui débute, confrontez-vous à la critique. Celle qui blesse parfois, mais qui quand on l’écoute nous porte plus haut. Si vous êtes un auteur plus confirmé, soyez cette personne qui face à texte d’un débutant, ne détourne pas le regard mais offre un avis honnête, sans être dur ou suffisant, mais qui puisse aider l’autre à s’améliorer. Ce n’est pas ce qui est le plus facile, que l’on soit celui qui reçoit la critique ou celui qui la donne. Mais si tout cela est fait avec bienveillance, alors c’est un cadeau que l’on s’offre et qui nous permet de nous porter les uns les autres.

Alors la prochaine fois que vous vous sentez blessé par une critique, reculez d’un pas, prenez du temps pour l’encaisser et regarder-la avec un œil neuf. Est-ce que les remarques négatives sont justifiées ? Est-ce que cela a été fait pour vous permettre de vous améliorer ? Car dites-vous bien une chose, on ne peut certes pas être aimé de tout le monde, mais on peut toujours devenir meilleur que la personne que l’on était hier.

Laisser un commentaire

Découvrir d'autres épisodes